Tatie Fernande ; c'est comme ça que nous l'avons toujours appelé et pour moi, c'était ma deuxième grand-mère. Elle habitait à quelques centaines de mètres de ma grand-mère. Elles étaient sœurs. Pourtant, on ne pouvait voir aucune ressemblance, ni physique ni même dans le caractère. Quand nous allions à Saint-Geours-de-Maremne, pour un week-end ou pour quelques jours en vacances, avec mes parents et mon frère, nous nous arrêtions d'abord chez Mamie (ma grand-mère), pour poser les valises, lui faire des bisous et respirer l'atmosphère du lieu avant d'aller chez Tatie. Tatie, sans prénom derrière, c'était forcément Tatie Fernande. C'était la tante de mon père, et pour toute famille, c'était donc Tatie (je précise que quand j'évoque la famille qui se retrouvait à Saint-Geours-de-Maremne, je parle de mon père, ma mère, mon frère, moi mais aussi la famille de mon oncle Gérard sa femme Odette et ses enfants, Jean-Jacques, Annie, Dominique, Yannick et leur conjoint et enfants). Ma grand-mère vivait seule depuis le décès de mon grand-père en 1963. Tatie vivait seule également mais son mari avait trouvé la mort depuis bien longtemps et son fils unique vivait à Dax.
Tatie ne s'appelait pas Fernande en fait. Elle s'appelait Jeanne ; Jeanne DUTEN. Mais si c'est le nom qu'elle a eu à l'état civil, je n'ai jamais entendu personne l'appelait ainsi. Tout comme sa sœur, ma grand-mère, que tout le monde appelait Jeanne mais qui en fait, pour l'état civil, était prénommée Maria.
Jeanne "Fernande" DUTEN est née le 1er août 1901 au domicile de ses parents, le "petit Bicq". Voir le détail concernant la maison sur la page Antoine DUTEN et Jeanne HAURET. Elle grandit entre ses parents, son demi-frère (Georges HAURET) et sa jeune sœur qui arrive en 1903, ma grand-mère Maria.
En 1922, elle épouse un homme plus âgé qu'elle. François LEIÇARRAGUE est né en 1893, à Tosse, et il est tuilier. Il mesure 1,64 m, a des cheveux châtains et des yeux marrons clairs. Apparemment, il ne sait ni lire ni écrire car son degré d'instruction est évalué à 0 lors du conseil de révision (c'est en tout cas ce qui est indiqué sur sa fiche matricule).. Il a 3 frères et 3 sœurs : Marie, Jeanne, Clément sont plus âgés que lui, Pierre, Sidonie (ou Silvanie selon les actes) et Clément (un deuxième Clément) sont plus jeunes.
Son frère Clément (le plus plus âgé) est mort en Belgique en 1914, à Thuin, dès les débuts de la Grande Guerre le 23 août à l'âge de 23 ans.
François est mobilisé lui aussi. Il est incorporé en 1913 ; il ne le sait pas encore mais il ne quittera l'armée qu'en 1917, réformé en raison de ses blessures. Il est soldat 2ème classe au 34ème RI. En 1915, il est affecté dans un bataillon de chasseurs alpins, d'abord le 23ème le 5 août puis le 115ème le 31 août. Il est nommé chasseur 1ère classe le 13 août 1917. Il est réformé temporairement puis définitivement pour surdité bilatérale presque complète. Il touche une pension pour ses troubles auditifs, pension temporaire puis permanente à partir de 1923. Il en profite peu puisqu'il décède 2 ans plus tard. On m'a toujours dit quand j'étais jeune qu"il était mort parce qu'il avait été gazé pendant la guerre. Cependant, je n'ai rien trouvé à ce sujet sur son dossier militaire. Il a obtenu la croix de guerre à étoile de bronze.
Extrait de la fiche matricule de François LEIÇARRAGUE, matricule 707 classe 1913.
Le père de François s'appelle Jean LEIÇARRAGUE ; il est né à Saint-Jean-de-Marsacq en 1856. Il est tuilier. Il a 26 ans et habite Saint-Vincent-de-Tyrosse quand il épouse Anne LAHITTE. Elle est née en 1858 à Bénesse-Maremne. C'est également le lieu du mariage. Comme je l'ai indiqué, ils ont 7 enfants. Mais ils ne restent pas longtemps au même endroit. Les deux premiers enfants, Marie et Jeanne, naissent à Bénesse-Maremne, en 1887 et 1888 dans deux maisons différentes. En 1890, le troisième, Clément, nait à Saint-Geours-de-Maremne. François nait à Tosse en 1893, Pierre à Saubion en 1895 et deux derniers, Sidonie en1898 et Clément en 1902 voient le jour à Bénesse-Maremne (maison Robinson).
Rapidement, sans faire un arbre complet, en me contentant d'une liste agnatique (c'est-à-dire par les garçons et donc en me fondant juste sur le nom de famille LEIÇARRAGUE ou LEÏÇARRAGUE , avec parfois un accent sur le premier "e"), on peut noter qu'ils sont issus d'une famille venant des Basses-Pyrénées (c'est le nom des Pyrénées-Atlantiques avant 1969 ; puisque la parenthèse est ouverte, notons que cette chaîne de montagne doit son nom à Pyrène, jeune fille aimée d'Héraclès qui serait enterrée sous les Pyrénées d'après des récits de la mythologie. Les Basses-Pyrénées furent créés lors de la division du territoire en départements après la révolution de 1789 par la fusion du Pays basque et du Béarn). Nous commencerons par le grand-père de François (pour rappel le mari de Tatie Fernande), donc le père de Jean, qui s'appelait... François.
Mais revenons à Tatie Fernande.
Qui est présent à son mariage ? Il y a du monde mais hélas, je n'ai pas pu identifier (ou plutôt faire identifier) grand monde.
Du côté du marié :
5 : Jean LEIÇARRAGUE , le père.
4 : une soeur ; sans doute Sidonie, la plus jeune.
Du côté de la mariée :
8 : Antoine DUTEN, le père.
20 : Maria DUTEN, la soeur (et ma grand-mère).
34 : le demi-frère, Georges HAURET, dit Maurice. C'est le fils de Jeanne HAURET, la mère de la mariée mais il n'est pas le fils d'Antoine DUTEN.
21 : Albert "du Boucau" ; c'est sans doute Albert DEPAUL, un cousin de la mariée, fils d'une sœur de Jeanne HAURET, appelée également Jeanne HAURET. Habitant au Boucau, ils étaient appelés les cousins "du Boucau". Jeanne HAURET et son mari Vincent DEPAUL (c'est un enfant des hospices de Dax, né de parents inconnus, d'où ce nom faisant référence à Saint- Vincent de Paul) ont eu 8 enfants entre 1886, année de leur mariage et 1904, année de naissance d'Albert, leur plus jeune enfant. Cependant, six sont morts très jeunes et deux seulement ont vécu suffisamment pour fonder une famille.
Les relations :
33 : Jean-Baptiste LARRETGÈRE ; propriétaire de l'auberge et secrétaire de mairie, présent à de nombreux mariages. Mais il y avait d'autres auberges. Et d'après ma grand-mère, son futur mari Jean LARRETGÈRE et la mariée se connaissait.
13 : Marie LARRETGÈRE , la fille de Jean-Baptiste.
24 : René PUYAUBRAU.
25 : Son épouse Henriette, une nièce de Jeanne LEMBEYE, épouse de Jean-Baptiste LARRETGÈRE .
La femme mystère :
18 : je ne sais pas qui c'est et c'est bien dommage car je la trouve ravissante et étonnamment moderne. Elle a un je ne sais quoi dans le sourire, le regard, la façon de fixer l'objectif qui détonne...
Jeanne DUTEN est marié depuis à peu près deux ans quand elle tombe enceinte à l'automne 1924. Mais son mari François LEIÇARRAGUE meurt en janvier 1925 et ne connaîtra jamais son fils, Jean (Jean, François, né le 11 juin 1925). Tatie ne se remarie pas et vit entourée de ses parents, Antoine DUTEN (jusqu'au décès de ce dernier en 1935) et Jeanne HAURET dite Mémé Gueille (jusqu'à son décès en 1957), et de son fils Jean qu'on appelait Jeannot.
Cette photo de la première communion de Jean LEIÇARRAGUE date de 1937.Il a 12 ans.
A droite, il y a sa grand-mère, Jeanne HAURET dite Mémé Gueille ; George "Maurice" HAURET, son oncle (demi-frère de Jeanne Duten) ; Jean Vincent DEPAUL, fils de Louise Marthe DEPAUL, une cousine. C'est un enfant naturel né en 1925 et reconnu par son père, un dénommé Jean Lassalle en 1926.
A gauche de Jeannot, Jeanne HAURET, la soeur de sa grand-mère (mais qui porte le même prénom). C'est la mère de Louise DEPAUL et d'Albert DEPAUL ; puis Jeanne Alberte DESTABEAU, une copine et voisine de Jeannot.
Deuxième rang de gauche à droite : Odette HAURET, fille de George HAURET et donc cousine de Jeannot ; sa mère, Alice CASSOU, "tantine Alice" pour mon père et donc épouse de George HAURET ; Albert DEPAUL, frère de Louise ; une inconnue ; Jeanne DUTEN, mère de Jeannot ; un inconnu ; sans doute Émilie TOURNIÉ épouse DUPREUIHL ; Maria DUTEN, soeur de Jeanne, tante de Jeannot (et accessoirement ma grand-mère) ; son fils aîné Gérard LARRETGÈRE ; Louise Marthe DEPAUL.