Roger LAPÉBIE, vainqueur du Tour de France 1937

Rédigé en juillet 2017. Laurent LARRETGÈRE, 

Corrections : juin 2019

Il y a 80 ans exactement, Roger LAPÉBIE remportait le tour de France. Alors non, je ne suis pas amateur de cyclisme et encore moins du Tour de France. Quand j'étais petit, à une époque où les chaînes de télévision se comptaient sur les doigts de la main d’un lépreux, le début de l’été était synonyme d’une morosité profonde : tous les après-midi, c’était le Tour de France alors que l’aspirais à voir des feuilletons (on ne disait pas « séries » à l’époque) ou des dessins animés. Mais non ! C’était des cyclistes ! Quel ennui de voir des gens pédalaient pendant des heures… Et le cycliste victorieux de l’époque, Bernard HINAULT, était surnommé « le blaireau » ; pour moi, pré-adolescent, c'était plus un repoussoir qu'un modèle. Steve MCQUEEN, voilà, une personnalité inspirante ! Bref, je jouais plus au cow-boy qu’au cycliste, et la monture idéale me semblait être le cheval, la moto, voire un vaisseau spatial (j’avais vu La Guerre des étoiles un dimanche après-midi, au Gaumont situé Boulevard Clémenceau, hélas disparu comme tant de lieux de mon enfance).

 

Mais je vais oublier mon peu d’intérêt pour le tour de France pour parler de LAPÉBIE. Tout d’abord, le Tour de France de 1937, ce n’est plus du cyclisme, mais de l’histoire. Et les frères LAPÉBIE, c’est la famille. Vous pouvez consulter la page sur ma grande-tante Marie LARRETGÈRE pour plus de détails sur les trois frères LAPÉBIE.

 

Le récit que j’entreprends est une sorte de revue de presse du Tour de 1937 centrée sur Roger LAPÉBIE. La plupart des journaux utilisés sont disponibles sur le site Gallica de la BNF.

© Archives Sud-Ouest

Les sources principales : la presse de l'été 1937

Plus qu'aujourd'hui, les journaux des années 1930, pour certains en tout cas, étaient très politisés. Cela ne se voit pas toujours dans les articles consacrés aux sports, mais cela transparait quand même. Je vais donc reproduire ici la présentation du site Gallica (de la BNF) des différents organes de presse utilisés dans mes pages consacrées à Roger LAPÉBIE (la page utilisé est la suivante : http://gallica.bnf.fr/html/presse-et-revues/les-principaux-quotidiens

 

  • L'Auto : L'auto-Vélo est un quotidien sportif créé le 16 octobre 1900 par Henri Desgranges, ancien champion cycliste et directeur du Parc des princes. Devenu l'Auto suite à un différend avec le journal le Vélo, il connait ses premiers succès grâce à la promotion du Tour de France cycliste qu'il organise à partie de 1903. Le quotidien de couleur jaune connait son apogée au milieu des années 1930, tirant à 300 000 exemplaires en moyenne, le double durant le Tour de France durant le mois de juillet. Il doit faire face à la concurrence des pages sportives de Paris Soir avant guerre, et disparaît en 1944. Jacques Goddet, son directeur depuis 1931, créera en 1946 L'Equipe.
  • Ce Soir : créé par le Parti communiste en 1937, concurrent direct de Paris Soir, Ce Soir s'affirme dès sa création comme le grand journal du Front populaire. Soutien inconditionnel de la République espagnole, Ce Soir se singularise par sa couverture quotidienne de la guerre d'Espagne. Une équipe prestigieuse (Aragon, jean-Richard Bloch, Paul Nizan, mais aussi Pascal Pia, Andrée Viollis ou Gerda Taro) lui assure un succès durable jusqu'à l'interdiction de la presse communiste en septembre 1939.
  • Excelsior : fondé en 1910 par le patron de presse Pierre Laffitte (créateur de Fémina et Je sais tout), Excelsior s'impose dès sa création comme une quotidien novateur, organisant le traitement de l'information autour de l'image. Sa couverture photographique du premier conflit mondial lui apporte une grande notoriété, en dépit de tirages limités. Spécialisé dans le reportage illustré, le journal bénéficie aussi des plumes d'écrivains et journalistes comme Apollinaire, Philippe Soupault ou Albert Londres. À son apogée dans les années 1930, le journal disparait après 1940.
  • L'Humanité : fondé par le socialiste Jean Jaurès en décembre 1904, le quotidien L'Humanité soutient les revendications ouvrières, marque son hostilité face à l'engagement français au Maroc et affiche son pacifisme. Après la mort de Jaurès, il soutient cependant le gouvernement de guerre. En 1920, à l'issue du Congrès de Tours, le journal rompt avec le réformisme pour rejoindre le communisme révolutionnaire. Le 26 août 1939, le journal est saisi.
  • L'Intransigeant : lancé en 1880, le journal suit les évolutions politiques de son directeur, Henri Rochefort. Successivement socialiste, boulangiste et nationaliste, le journal est anti-dreyfusard. Passé progressivement sous la direction de Léon Bailby, il maintient sa position jusqu'en 1930 avant de décliner puis de se saborder en 1940.
  • Paris Soir : fondé en 1923, repris en 1930 par Jean Prouvost, Paris Soir rencontra un immense succès populaire qui en fit le principal journal d'information, supplantant les "quatre grands" quotidiens nationaux. Prouvost sut en faire un journal "à l'américaine", dynamique, mêlant faits divers, sport et politique, dont le contenu fut organisé autour de la photographie. Vichyste en juillet 1940, le journal disparait à la Libération.
  • Le Petit Journal : lancé par Moïse Millaud en 1863, le titre remporte un rapide succès grâce à son coût modique et son petit format. Plus que sur l'analyse de la vie politique, le journal mise sur le fait divers traité de manière sensationnelle. Son supplément hebdomadaire renforce sa popularité par l'emploi de couvertures illustrées. En 1937, il devient l'organe du Parti social français. Replié à Clermont-Ferrand en 1940, il est supprimé en 1944.
  • Le Petit Parisien : fondé en 1876 par Louis Andrieux, il soutient la République, la laïcisation de la société et la séparation de l'Église et de l'État. Sous la direction de Jean Dupuy, le titre adopte un ton plus modéré. Le journal connaît un fort succès grâce à la qualité et à la variété de ses articles (politique, sports, faist-divers...). En 1940, le titre se replie en zone Sud puis revient à Paris. Collaborationniste, il disparaît en 1944.

J'utilise aussi deux autres journaux qui ne sont pas des quotidiens et qui ne proviennent pas du site Gallica mais d'un blog hollandais intitulé Cycling Passion (disponible ici) qui, comme son nom l'indique, est consacré au cyclisme. Le créateur du bloc a scanné et mis en ligne des pages de revues consacrés à différentes courses cyclistes ; pour le Tour de 1937, deux revues sont proposées :

  • Le Miroir des sports est un hebdomadaire créé en 1920 en remplacement du Miroir, sorte de magazine "people" d'avant guerre consacré aux têtes couronnées et aux spectacles. Comme son nom l'indique, le Miroir des sports s'intéresse aux activités sportives qui sont devenues un centre d'intérêt majeur de la population de l'après-guerre. À la libération, le Miroir des Sports est interdit pour collaboration.
  • Match est un hebdomadaire sportif créé en 1926. Il cesse de paraître en 1940 puis renait après la guerre sous le nom de Paris Match.