Marie LARRETGÈRE est le troisième enfant de Catherine LARRETGÈRE. Comme ses deux grands frères, Martial et Jean-Baptiste, elle nait à Saint-Geours-de-Maremne ; c'est un dimanche, le 8 juin 1890. Comme ses deux grands frères, elle nait de père "non nommé". Elle est reconnue par sa mère en même temps que Martial et Jean-Baptiste, le 7 janvier 1898. Je n'ai aucune information sur sa vie avant son mariage en 1907, le 26 juin, avec Victor LAPÉBIE.
Bien que prénommé Victor à l’état civil, mon père ne le connaissait que sous le nom de Lucien, "tonton Lucien" pour lui (et Marie LARRETGÈRE, c'était "Marraine Marie"). Au moment de son mariage, Victor "Lucien" est cultivateur. Il est lui aussi de Saint-Geours-de-Maremne et son père, Étienne, est également agriculteur ("laboureur" comme indiqué sur son acte de mariage) mais né dans la commune landaise de Josse, bien que vivant à Saint-Geours-de-Maremne. Il épouse une fille du village, Anne MONCLA, le 5 novembre 1861. Elle a 19 ans et lui 21. Plusieurs enfants naissent : Françoise en 1865, Marie (je n'ai pas trouvé d'acte de naissance, mais son décès est mentionné en 1884 et on lui donne 18 ans ; elle serait donc née vers 1866), Hélène en 1874, Jeanne en 1880 (qui décède 3 ans plus tard) et enfin Victor en 1886. Ses parents ont déjà un "certain âge" comme on dit avec euphémisme : 46 ans pour son père et 45 pour sa mère. Il est le dernier des enfants du couple. Victor a fait son service de 1907 à 1909. Il est décrit sur sa fiche matricule comme étant de cheveux noirs, avec des yeux gris-verts pour une taille d'1,64 m. Son degré d'instruction est évalué à 2 (il sait lire et écrire). Il est déjà soutien de famille. Il passe deux ans au 18e régiment d'infanterie ; il en sort comme soldat de 1ère classe avec un certificat de bonne conduite. Affecté dans la réserve à la Compagnie des chemins de fer du Midi, il passe la Grande Guerre dans la 7ème section des chemins de fer ; il est démobilisé en octobre 1917.
Depuis 1909, il habite Bordeaux et travaille donc à la Compagnie des chemins de fer du Midi. Il s'y est installé avec son épouse et un premier fils, Clovis, né à Saint-Geours-de-Maremne en 1907. Ce premier enfant est suivi par Henri Fernand, plus connu sous le prénom de Roger, né en 1911 à Bayonne, et enfin par Martial Guy, que l'on appelle simplement Guy, qui voit le jour en 1916 à Saint-Geours-de-Maremne. Clovis fera une carrière dans l'armée tandis que ces deux frères vont se faire un nom (et un prénom) dans le cyclisme.
Après avoir vécu à Bordeaux Victor "Lucien" LAPÉBIE et Marie LARRETGÈRE s'installent à Talence, à la Médoquine, dans un logement de fonction, pas très loin du plus jeune frère de Marie, mon grand-père Jean LARRETGÈRE. Mon père, Pierre LARRETGÈRE, se souvient d'eux, quand il a vécu à Talence chez ses parents à partir de 1954, et même avant, quand il venait en vacances (il était élevé chez une tante à Saint-Geours-de-Maremne). Il se souvient d'un oncle et d'une tante gentils et simples. Il a travaillé avec Christian, leur petit-fils (le fils de Roger) chez un mécanicien et il allait manger des tartines et du café au lait chez eux. Ils l'appelaient Pierrot comme les autres membres de la famille. Il y croisait parfois ses célèbres cousins, Roger, très sympathique et Guy, un peu plus distant.
Les 4 adultes assis sont, de gauche à droite, Jean-Baptiste LARRETGÈRE et son
épouse, Jeanne LEMBEYE, puis le couple Victor "Lucien" LAPÉBIE et Marie LARRETGÈRE (sœur de Jean-Baptiste) ; nous sommes en 1935, à Saint-Geours-de-Maremne, au cours du mariage de Marie
LARRETGÈRE, fille de Jean-Baptiste (qui a donc le même prénom que sa tante).
Trois jeunes hommes sont debout : celui de droite est Guy LAPÉBIE.
Clovis LAPÉBIE,
Ces deux frères étant célèbres, Clovis est souvent oublié. Et je manque d'informations à son sujet. Je n'ai pas encore trouvé son registre matricule aux archives des Landes ou de la Gironde. L'aîné des frères LAPÉBIE fait carrière dans l'armée et plus exactement dans le corps des Zouaves. En janvier 1929, à Tunis et en uniforme, il épouse Marguerite NIVET. Il servira un temps à Madagascar (ce qui poussa mon père à choisir les parachutistes pour son service dans l'espoir de pouvoir aller à Madagascar également mais son trajet s'arrêtera en Algérie ; il faut dire que son service débute en 1956...). Clovis LAPÉBIE s’installe à Marseille une fois à la retraite et y décède en 1997 à l'âge de 89 ans. Je sais qu'il a des enfants et des petits-enfants, qu'il était peintre à ses heures mais je n'ai guère précisions.
Roger Lapébie, vainqueur du Tour de France 1937
Henri, Fernand, "Roger"
LAPÉBIE
Je ne vais pas retracer la carrière de Roger LAPÉBIE ; il suffit de consulter la page Wikipedia qui lui ait consacrée, un site sur le cyclisme, un ouvrage sur le tour de France ou le livre de Jean-Paul Ollivier intitulé Roger et Guy Lapébie (qui contient quelques erreurs ; Marie LARRETGÈRE y est qualifiée de basque alors que les LARRETGÈRE sont Landais depuis le début du XVIIIe siècle par exemple...) .
L'heure de gloire de Roger, c'est 1937. Il remporte le tour de France. C'est le sommet d'une carrière déjà riche. En 1933, il est champion de France sur route, il remporte le Critérium national en 1934 ainsi que le Paris-Saint-Étienne et le Paris-Vichy. En 1935, il est 3ème du tour de France et remporte les Six-jours de Paris. Il n'a que 28 ans quand, en 1939, il se blesse au genou à l'arrivée de la course Bordeaux-Paris, blessure qui marque la fin de sa carrière sportive.
Roger, bien que marié à une prénommée Blanche et papa de 2 enfants (Nicole et Christian) a eu visiblement une vie agitée et un goût prononcé pour la gent féminine qui, d’après ce qu’il a dit à mon père au cours d’un mariage de famille, alors qu’il était déjà âgé, lui a coûté toute sa fortune. Il était propriétaire d’une boutique de cycles cours Victor Hugo ; les vélos « Lapébie » sont fabriqués par Mercier. Plus tard, il devient agent commercial puis se lance dans la restauration à Arcachon. Cependant, son affaire ne marche pas et il y perd beaucoup d’argent. Ruiné, il travaille dans le bâtiment au milieu d’ouvriers émigrés espagnols ou portugais. Il se nourrit de pain et de sardines (il est végétarien depuis 1937 et ne boit pas d’alcool). Il reprend le vélo qu’il pratique quotidiennement (300 km par semaine à plus de 70 ans). Il est retourné vivre à Talence dans la maison de ses parents et se faisait régulièrement cambriolé. On lui volait ses vélos, ses trophées, il retrouvait des gens dans sa maison en pleine nuit…
Roger LAPÉBIE a fait l'objet d'un documentaire de 26 mn intitulé Vas-y Lapébie ! du metteur en scène Nicolas Philibert, à la fin des années 1980.
Guy Lapébie à l'arrivée du tour de France 1948, le 26 juillet, Miroir Sprint.
Martial, Guy LAPÉBIE
Pas facile de se faire un prénom dans le cyclisme quand on est le jeune frère de Roger LAPÉBIE. Pourtant, Guy va y arriver, surpassant quasiment son frère en notoriété, grâce sans doute à une carrière plus longue.
C'est presque au début de sa carrière qu'il remporte ses titres les plus prestigieux. Amateur victorieux du Grand Prix des Cinq Nations en 1935, il fait partie de l'équipe française qui se rend aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936. Il y remporte deux médailles d'or en équipe (route et poursuite) et médaille d'argent en individuel (route). Il pensera jusqu'à la fin de sa vie s'être fait "voler" sa victoire en raison d'un tirage de maillot peu avant l'arrivée, tirage de maillot dont il accusait son coéquipier Robert CHARPENTIER.
Il passe professionnel en 1937 et devient rapidement un spécialiste des Six Jours après la guerre, en particulier avec Émile CARRARA avec qui il remporte quatre trophées sur les six de sa carrière dans cette discipline (de 1948 à 1952, à Paris, Saint-Étienne, Berlin, Munich, Hanovre, Dortmund). S'il brille sur les pistes, il n'a jamais abandonné la route et il rêve du Tour de France. Il se prépare avec soin et en 1948, il finit 3ème, (1er des Français) déjouant les les pronostics des commentateurs, sceptiques quant à ses chances de seulement finir le tour.
Guy prend sa retraite sportive à la suite de la découverte d’une tachycardie en 1952. Il devient propriétaire d’une grande brasserie bordelaise cours Georges Clemenceau, le « Gambetta » puis d’un hôtel restaurant qu’il fait construire au Mourtis dans le Col de Mente.
Il meurt en 2010 à l'âge de 93 ans.
Clovis LAPÉBIE et Marguerite NIVET, Tunis, 7 janvier 1929.
1932 - Roger LAPÉBIE embrasse sa mère Marie LARRETGÈRE devant la maison de ses parents à Talence, sous les yeux de son père, Victor "Lucien" LAPÉBIE (en bretelles, avec des moustaches, à la grille), et son oncle Jean LARRETGÈRE (mon grand-père, entre Victor et Marie, derrière le grillage).
Roger et Guy LAPÉBIE, chez leurs parents à Talence dans les années 1940 ou au début des années 1950. Entre les deux, Serge, le fils de Guy, né en 1937 ou Christian, le fils de Roger, né en 1938.