Les petits-enfants d'Estienne LARRETGÈRE et de Jeanne LAMOLIATTE

Mise à jour en janvier 2025

Estienne LARRETGÈRE et Jeanne LAMOLIATTE sont mes ancêtres directs de la génération 7 (en considérant que je suis la génération 1, mes parents, la génération 2, mes grands-parents la génération 3, etc.).

 

Estienne LARRETGÈRE et Jeanne LAMOLIATTE ont eu sept enfants, quatre filles et trois garçons. Sur les trois garçons, un seul a survécu à la mortalité infantile et a eu une descendance (dont moi, très longtemps après). Le couple a eu également quatre filles donc, et toutes les quatre se sont mariées, ont eu des enfants, qui a leur tour ont eu des enfants, etc.

 

Ce sont les descendants des quatre fille d'Estienne et de Jeanne que je vous propose de découvrir dans cette page : Marthe, Jeanne, Jeanne et Marie.

Les descendants de Marthe LARRETGÈRE (1764-1812) et de Jean PINSOLLE

Pour éviter les redondances, les éléments connus concernant Marthe LARRETGÈRE, fille d'Estienne LARRETGÈRE et de Jeanne LAMOLIATTE sont évoqués dans la page en lien ci-dessous.

Nous allons ici développer les informations trouvées sur les filles du couple formée par Marthe LARRETGÈRE et son mari Jean PINSOLLE, mariés en 1791 à Soustons. Ils ont eu 6 filles pour quatre grossesses, Marthe ayant accouché à deux reprises de jumelles.

 

Pour rappel :

- Marie PINSOLLE (1794-1794)

- Jeanne PINSOLLE (1794-1794)

Elles sont nées et décédées rapidement dans la journée du 17 août 1794 à Soustons.

- Catherine PINSOLLE (1796-1804) ; Catherine décède à 8 ans le 30 juillet 1804 à Soustons.

- Jeanne PINSOLLE (1796-1852)

- Catherine PINSOLLE (1798-1884)

- Jeanne PINSOLLE (1802-1802) ; Jeanne ne vit que 4 mois et décède en août 1802.

 

Deux filles sur les six arrivent à l'âge adulte, se marient et ont une descendance. C'est l'objet de notre étude ici.

1. Jeanne PINSOLLE (1796-1852) mariée à Simon ou Siméon MASSÉ (1784-1853)

1.1. Le mariage en 1819

On commence donc par le mariage mais surtout par le marié. Je n'ai aucune connaissance concernant l'enfance de Jeanne et de Simon, le mariage est donc un début comme un autre.

 

J'ai un petit souci d'identification avec Simon MASSÉ : à son mariage, il est dit fils d'Étienne MASSÉ et de Françoise DUVERT. Il est né à Messanges en 1784. Mais à sa mort, on le dit bien veuf de Jeanne PINSOLLE, mais fils d'un autre couple, qui existe d'ailleurs : Jean MASSÉ et Jeanne DUVERT (ou DUBERT) Le couple Jean MASSÉ et Jeanne DUVERT/DUBERT s'est marié en 1775. Et ils ont un fils appelé Simon né en 1780. Le couple Étienne MASSÉ et Françoise HUBERT (avec un H) ou DUBERT s'est marié en 1772 et ont un fils également baptisé Simon en 1784.  Il y a donc sans doute une confusion, 70 ans après leur naissance, lors du décès, entre les deux Simon.

 

Cependant, sur l'acte de mariage de Jeanne PINSOLLE, le 21 février 1819, mariage qui a lieu à Vieux-Boucau, lieu de résidence du marié,  Siméon MASSÉ,  et de ses parents, vivants et présents, il s'agit bien d’Étienne MASSÉ, vigneron à qui on donne l'âge de 70 ans et de Françoise DUBERT, qualifiée de vigneronne de 60 ans.

 

Jeanne PINSOLLE réside avec son père à Soustons. Sa mère, Marthe LARRETGÈRE (dont le patronyme est orthographié LARITEGERE) est déjà décédée.

 

Il y a plus de dix ans d'écart entre les mariés : Siméon a 35 ans déclarés contre 23 ans pour Jeanne ; en fait, il en a 34 et elle 22 à la date du mariage mais cela ne change pas la différence d'âge.

 

Siméon est un des cinq enfants du couple, trois naissant à Vieux-Boucau (Jeanne en 1773, Pierre en 1775 et Jean-Baptiste en 1780) puis deux à Messanges (Siméon, notre marié, en 1784 et Dominique en 1789). Au moment du mariage, les parents et leur fils Siméon habitent de nouveau à Vieux-Boucau. D'après le recensement de 1819 de Vieux-Boucau, Siméon (ou Simon) travaille comme ouvrier agricole chez la famille THEVENIN à Maison-neuve et ses parents (et au moins un de ses frères, Pierre) résident au hameau de Clérac (ou Clairacq, selon les recensements), dans la même commune de Vieux-Boucau. Comme souvent, les âges du recensement sont un peu fantaisistes.

 

La famille était déjà dans la commune lors du recensement de 1807, le plus ancien disponible aux Archives départementales des Landes. Quand je parle de la famille, je parle du père, Estienne MASSÉ, de sa mère, Françoise DUVERT et de son frère Pierre. Pas de trace, en revanche, de Siméon (ou Simon).

 

Extrait du recensement :

Source : archives departementales des Landes

Cote : Vieux-Boucau-les-Bains-1807-E DEPOT 328/1F2

Notons, sur l'acte de mariage, la qualité des témoins : un charpentier, Mathieu THEVENIN, l'employeur de Siméon / Simon MASSÉ, un forgeron (Jean LACORNE), un maître de pêche (Jean DEYSON) et un vigneron répondant au nom de Michel MASSÉ âgé de 38 ans (un membre de la famille ? L'acte ne le précise pas). Il est surprenant de voir, à cette date, autant de signatures sur l'acte de mariage : trois témoins et le père de la mariée signent.

1.2. Les enfants de Jeanne PINSOLLE et de Siméon MASSÉ

Sauf erreur de ma part, Jeanne PINSOLLE et Siméon / Simon MASSÉ n'ont que deux enfants :  d'abord une fille, Françoise, le 9 juillet 1821, soit trois ans après le mariage et un garçon, Jean, qui voit le jour le 27 mai 1828.

 

Jeanne PINSOLLE et Simon MASSÉ meurent un jour comme tout le monde : d'abord Jeanne en 1852 (on la dit fille de Marthe DARRIÈRE), à l'âge de 56 ans (57 selon l'acte de décès) et Simon MASSÉ en 1853, à 73 ans (68 selon l'acte), tous deux à Vieux-Boucau-les-bains. L'acte de décès de Jeanne la qualifie de cultivatrice et celui de Siméon / Simon le qualifie de vigneron. Sont-ils restés du mariage à leur décès à Vieux-Boucau ? Pas sûr. En effet, ils sont introuvables dans le recensement de 1841.

 

En revanche, la famille est bien présente dans le recensement de 1846 avec une surprise : ils n'ont pas deux enfants mais trois. Regardons le document :

Sources : Archives départementales des Landes

Cote : Vieux-Boucau-les-Bains-1846-E DEPOT 3281F2

Donc, on retrouve bien Siméon MASSÉ , Jeanne PINSOLLE son épouse et trois enfants. Julie doit être le prénom d'usage de Françoise et Jean, né en 1828, a bien 18 ans en 1846. Reste un fils dénommé Pierre, peut-être l'aîné, qui a du naître entre le mariage de 1819 et la naissance de Françoise dite Julie. Cependant, le couple s'est marié à Vieux-Boucau et leurs enfants Françoise dite Julie et Jean sont nés à Vieux-Boucau. Pourquoi un fils Pierre serait-il né ailleurs ? Lors du mariage, il n'y avait pas de référence à un enfant illégitime... Si Pierre a bien 21 ans, il doit être né en 1825 (entre 1824 et 1826 pour être large). L'âge des autres membres de la famille est correct. Allons chercher dans les registres de l'état civil. Et c'est là qu'il est important de croiser ses sources pour lutter contre les oublis : le 5 octobre 1825, à 5h du matin, est né Pierre MASSÉ. C'était juste une recherche lacunaire de ma part.

 

Siméon, cultivateur, vigneron fut également pâtre, peut-être en complément de la métairie, exploitée par sa femme et ses enfants...

 

Voyons si le recensement de 1851 nous apprend quelque chose, avant la mort de Jeanne (1852) et Simon (1853).

Sources : Archives départementales des Landes

Cote : Vieux-Boucau-les-Bains-1851-E DEPOT 3281F2

1.3. Que deviennent les enfants de Jeanne PINSOLLE et de Simon MASSÉ

Trois enfants donc, pour le couple :

- Françoise dite Julie en 1821 ;

- Pierre en 1825 ;

- Jean en 1828.

 

Les trois enfants vivent avec leur parent la plupart du temps. Si Françoise "Julie" a exercé la fonction de domestique chez la veuve COURTIAU, fruitière, à une période où ses parents et ses frères ne semblaient pas vivre à Vieux-Boucau, on la retrouve chez eux de 1846 à 1851.

Sources : Archives départementales des Landes

Cote : Vieux-Boucau-les-Bains-1851-E DEPOT 3281F2

 

Donc, un peu avant les décès successifs de Jeanne PINSOLLE en 1852 et de Siméon MASSÉ en 1853, leurs trois enfants sont encore à domicile. Certes, ils ont un emploi pour au moins deux d'entre-eux, Pierre qui est gemmier et Françoise "Julie" qui est journalière ; Jean semble ne pas avoir d'activités professionnelles : il est déclaré "vivant du travail de ses parents" en 1851. Es-il malade ? Handicapé ? En tout cas, il ne vit pas vieux. Il décède quelques mois avant son père veuf. Et trois jours après le décès de son frère, Françoise "Julie" accouche de son premeir enfant, prénommé Jean...

 

Françoise "Julie" MASSÉ (1821-1860)

 

En 1853, Françoise "Julie" a 31 ans, vit toujours à Vieux-Boucau et elle n'est pas mariée. Elle accouche cependant d'un garçon, Jean, en mai. Ce jeune garçon meurt 13 jours après sa nassance qui avait été déclarée par un certain Damien DARRAP, 48 ans, également journalier. C'est ce même Damien DARRAP qui déclare en 1854 la naissance du deuxième enfant de Françoise "Julie", une petite Magdelaine qui ne vit que trois mois. En 1856, c'est un tailleur d'habits âgé de 64 ans, Charles LEBRUN, qui déclare la naissance de Bernard, troisième enfant naturel de Françoise "Julie", déclarée cultivatrice. Mais en fait, elle est toujours journalière et vit, à cette date, avec un autre journalier, un dénommé Michel DARROZIN. Est-ce le père du petit Bernard ? Mystère...

Sources : Archives départementales des Landes

Cote : Vieux-Boucau-les-Bains-1851-E DEPOT 3281F2

 

Bernard, à la différence des deux enfants précédents de Françoise, survit.

En 1860, en avril, toujours déclarée par Charles LEBRUN, une petite Etiennette voit le jour mais ne survit pas à son cinquième mois, en septembre 1860. Sa mère, Françoise "Julie", est déjà morte depuis juillet. Elle n'avait que 39 ans.

 

Sur les quatre enfants naturels de Françoise "Julie", un seul, Bernard, dépasse le stade de l'enfance. Que devient-il après le décès de sa mère ? Je ne sais pas. Il a 4 ans et, sur le recensement de 1861, il ne semble plus vivre à Vieux-Boucau. Il a pu être confié à un membre de sa famille mais il n'a pas de père, sa mère est morte , ses grands-parents sont morts. Il a un oncle à Vieux-Boucau, Pierre MASSÉ ; ce dernier, en 1860, est encore célbataire et ne devient visiblement pas le tuteur de son neveu. Reste l'hospice et sans doute un placement en famille d'accueil.

 

Bernard MASSÉ (1856-1931)

Bernard est donc le fils de Françoise "Julie" MASSÉ, petit-fils de Jeanne PINSOLLE et Siméon MASSÉ et arrière petit-fils de Marthe LARRETGERE et Jean PINSOLLE. Je ne retrouve  sa trace qu'en 1880 à l'âge de 24 ans pour son mariage. Je n'ai pas trouvé de fiche matricule à son nom, si aux Archives départementales des Landes ni à celles des Pyrénées atlantiques. En 1880, il vit, selon l'acte de mariage, à Vieux-Boucau. Depuis quand y est-il retourné ? Sans doute récemment car il n'apparait pas dans les recensements de 1861, 1866, 1872 ni 1876. Il est ouvrier mais on ne sait pas dans quel domaine. Il épouse une jeune fille de 20 ans, Jeanne TAUSIAT, âgée de 20 ans, sans profession, qui vit avec sa mère veuve à Capbreton.

Trois mariages et deux enterrements...


Jeanne n°1


Mariage : le 07 novembre 1860 à Soustons entre Jeanne DOUTHE (27/09/1838) 24 ans et Jean CASTETS (20/02/1836) 22 ans


Décès le 19 mars 1905 à Soustons de Jean CASTETS, 69 ans (20/02/1836).

Épouse décédée.


Jeanne n°2


Mariage le 18 novembre 1867 à Soustons entre Jeanne DOUTHE (27/09/1838) 29 ans et Pierre HAGUISIEN (30/08/1845) 22 ans


?

 

 

 


Jeanne n°3


Mariage le 07 novembre 1871 à Soustons entre Jeanne DOUTHE (27/09/1838) 33 ans et Mathieu COURTIAU (08/10/1819) 52 ans


Décès le 27 juin 1893 à Soustons de Mathieu COURTIAU, 73 ans.

Épouse vivante.

 



Conclusion 1 : aucune des trois Jeanne DOUTHE ne peut être la même. L’épouse de Jean CASTETS (Jeanne n°1) meurt avant son mari et ne peut donc pas être sa veuve (et donc se remarier) ; celle de Mathieu COURTIAU (Jeanne n°2) est encore vivante, et donc veuve, mais en 1893 et donc après la date des trois mariages (1860, 1867 et 1871). Je n’ai en revanche aucune information sur Jeanne DOUTHE (n°2) épouse de Pierre HAGUISIEN (pas plus que sur le mari d’ailleurs).


Décès le 12 juin 1898 à Soustons Jeanne DOUTHE (59 ans), épouse de Jean CASTETS.

Date de naissance estimée d'après l'âge donné dans l'acte : 1839.



?

 

 

 

 

 



Décès le 27 novembre 1906 à Soustons de Jeanne DOUTHE (68 ans avec rappel de la date de naissance au 27/09/1838), veuve de Mathieu COURTIAU.

 



Conclusion 2 : difficile, avec l’année du décès et les âges estimés, d’identifier et surtout de différencier les trois Jeanne DOUTHE. Si l’on excepte l’aînée Catherine (née en 1822), parfois appelée Jeanne sur les actes, qui se marie on l’a vu avec Dominique DELÉON et l’épouse d’Antoine BOULBE (née en 1935), nous avons toujours trois Jeanne à différencier (en espérant que Françoise, née en 1830, n’est pas décidée de se faire appeler Jeanne comme sa grande sœur Catherine) :
Jeanne DOUTHE née en 1827
Jeanne DOUTHE née en 1833
Jeanne DOUTHE née en 1838
Nous allons essayer de voir si les dates de naissances des enfants, de leur décès éventuel, et les âges données à la mère nous permettent de trancher. Pour chaque enfant, nous donnerons l'âge de la mère dans l'acte et nous proposerons l'année de naissance correspondants.


Naissance enfant 1 : Bertrand, le 17/04/1862.

Âge de la mère : 32 ans.

Année de naissance estimée de Jeanne : 1830.

 

(Bertrand CASTETS décède le 19/04/1864, 2 jours après ses deux ans).


Naissance et décès enfant 2 : enfant mâle sans nom car mort né, le 14/10/1863.

 

 

 

 


Naissance enfant 3 : Catherine le 26/08/1864.

Âge de la mère : 38 ans.

Année de naissance estimée de Jeanne : 1826.


Pour les quatre enfants suivants, Jeanne en 1865, Bertrand en 1867, Jacques en 1870 et Marie en 1873, les âges donnés à la mère, Jeanne DOUTHE, donne des naissances en 1829 et 1830.


Naissance enfant 1 : Marguerite, le 09/11/1868.

Âge de la mère : 31 ans.

Année de naissance estimée de Jeanne : 1837.

(Marguerite HAGUISIEN décède 15 jours après sa naissance sous le nom de Catherine...).


Naissance enfant 2 : Jeanne le 01/11/1873.

Âge de la mère : 35 ans.

Année de naissance estimée de Jeanne : 1838.

(Jeanne HAGUISIEN décède en 1953 à Mont-de-Marsan).



Naissance enfant 1 : Jeanne, le 02/11/1875.

Âge de la mère : 37 ans.

Année de naissance estimée de Jeanne : 1838.

 

 

 




Conclusion 3 : en l'état actuel de mes connaissances, fruit de mes recherches sur les actes de l'état civil, il m'est difficile de trancher et de dire qui est qui. Il est évident que seule une de ces trois Jeanne DOUTHE est née en 1838 et les deux autres sont nées en 1827 et 1833. Sans écarter l'hypothèse de la sœur Françoise, née en 1830 et qui se fait peut-être appelée Jeanne... Les recensements de population aurait pu m'aider mais pour Soustons, ils ne sont disponibles que pour 1819 (trop tôt) ou 1921 (et d'autres postérieurs), ce qui est un peu trop tard...

Dans tous les cas, aucun des enfants et petits enfants de Marthe LARRETGÈRE ne portent notre patronyme, ce qui est notre problématique de départ.

2.3.  Une petite synthèse sous forme d'arbre généalogique (cliquez pour agrandir)

Note : j'ai laissé en italique les éléments incertains concernant les trois Jeanne DOUTHE.

3. Le deuxième enfant d'Estienne LARRETGÈRE et de Jeanne LAMOLIATTE : Jeanne (1765-1835)

Acte de baptême de Jeanne LARRETGÈRE.

Source : Archives départementales des Landes.

Soustons 1753-1772 - Cote : E dépôt 310 / ES 1247-1248 

Jeanne naît un an (un peu plus en fait, : quatorze mois) après sa sœur aînée Marthe, à maison Lafille, où ses parents sont métayers. Elle a 17 ans quand elle épouse un "natif de la paroisse de Magescq" de 25 ans, comme le précise l'acte de mariage, Girons LACOUME, mais habitant Soustons. Que ce soit sur son acte de baptême ou de mariage, le patronyme de Jeanne est correctement orthographié. Girons est un prénom peu courant mais on le trouve de temps en temps dans les actes des Landes. Il existe un Saint-Girons, un saint chrétien qui aurait vécu au Ve siècle et aurait évangélisé la région de l'Adour. L'acte de mariage ne précise pas le métier de Girons.  En 1783, au moment du mariage, Estienne LARRETGÈRE, le père de Jeanne, est déjà mort.

Jeanne et Girons ont dix enfants. Ils portent le nom de LACOUME ou de LACOMME.

  • Jeanne porte le prénom de sa grand-mère, Jeanne LAMOLIATTE, sa marraine lors de son baptême le 29 juin 1784. Mais, étrangement, c'est avec le prénom de Catherine qu'elle décède 16 mois plus tard. Le métier du père n'est pas indiqué sur l'acte de baptême.
  • Jeanne, née et baptisée le 28 mai 1786, semble avoir plus de chance que sa sœur. Elle survit à sa naissance, à son enfance et se marie, quoique très tardivement, en 1825, à l'âge de 38 ans. Le marié n'est pas non plus un jeune homme avec ses 39 ans. Joseph AGUILAY, c'est son nom, est menuisier et originaire du département de la Sarthe et habite la commune de Moliets (aujourd'hui, Moliets-et-Maâ). Jeanne (on a du mal à savoir si son patronyme est orthographié LACOME ou LACORNE, autre patronyme assez commun dans la région) est domestique. Elle est dite fille de Jeanne DARRIVIÈRE. En 1825, ses parents sont vivants, présents et consentants. Je n'ai pas trouvé d'enfant pour le couple ; cela explique peut-être pourquoi Jeanne LACOUME est mendiante au moment de son décès à Soustons, à 69 ans, le 15 décembre 1855. Son mari Joseph AGUILAY est mort depuis dix ans et elle est donc visiblement seule et sans ressource.
  • Marthe pointe son nez à Soustons comme les deux enfants précédents du couple en 1788, le 16 mars ; son baptême a lieu le lendemain, le 17. Sa mère Jeanne et sa marraine Marthe, sans doute sa tante, sœur aînée de sa mère, sont nommés LARRATYÈRE. Girons et Jeanne sont déclarés métayers et habitent maison Bayard. Marthe se marie avec un pasteur de la commune de Gourbera, au nord de Dax, François CAZAUNAU, qui a 35 ans. Sur l'acte de mariage, on donne à Marthe l'âge de 37 ans mais elle en a déjà 40. Girons LACOMME (sic) et Jeanne LARRIÈRE (sic), ses parents, sont présents en ce jour du 8 octobre 1828. Si Marthe et François ont eu des enfants, je n'en n'ai pas trouvé trace. Il est possible également que le couple ne soit pas resté vivre à Soustons car je n'ai pas trouvé de décès à leur nom.
  • Bertrand, premier garçon de Jeanne LARRETGÈRE et Girons LACOUME ou LACOMME voit le jour à Soustons le 3 octobre 1789. Il meurt peu après son premier anniversaire, le 29 octobre 1790. Sa marraine est une Jeanne LARRETYÈRE, la sœur de Jeanne née en 1770. Que de Jeanne !
  • Marie LACOUME ne naît pas à Soustons comme ses frères et sœurs mais à Saint-Geours-de-Maremne, en 1793, une commune que nous connaissons bien, au Sud-Ouest de Soustons. Un des frères de Jeanne, Pierre, s'y est installé lui aussi (avant ou après Jeanne et Girons ?). On peut noter que Girons LACOUME est désormais "gémier". Et également que Jeanne LARRETGÈRE est appelé Janne LARRIÈRE. Il faut dire que l'orthographe n'est pas le point fort de Nicolas GADOU, "membre du conseil général de la commune" qui rédige l'acte : on y lit "république francesse" et "nessences" par exemple... Je n'ai pas de certitude sur le devenir de Marie.
  • Jeanne LACOUME est le sixième enfant de Jeanne LARRETGÈRE (ici appelée LARRIÈRE) et de Girons LACOUME. Nous sommes toujours à Saint-Geours-de-Maremne, maison aux Tucqs, le premier fructidor de l'an V (soit le 18 août 1797). Elle décède à Soustons, 35 ans plus tard, célibataire, le 9 octobre 1832. L'acte de décès lui donne 30 ans. Aucun métier particulier n,'est mentionné ; on sait juste qu'elle travaille.
  • Un garçon naît ensuite et on lui donne le nom de Bertrand. Mais il vit encore moins longtemps que son frère aîné : né le 22 juin 1800, il décède le 4 septembre de la même année. Les parents habitent toujours à Saint-Geours-de-Maremne. Jeanne est nommée DARIET.
  • Encore un garçon, toujours à Saint-Geours-de-Maremne, qui naît le 14 décembre 1802 mais qui est prénommée Pierre ; mais toujours pas de chance avec les garçons : Pierre ne vit qu'un jour. Jeanne est nommée LARRIVIÈRE. Si pour le garçon précédent, le patronyme était LACOUME, il devient ici LACOMME.
  • Marie est l'avant dernière ; la famille a déménagé à Saint-Vincent-de-Tyrosse. Girons LACOUME et Jeanne "LARRETYÈRE" sont présentés dans l'acte de naissance comme cultivateurs. Ils habitent maison Miquaï. Marie meurt à 20 ans, à Soustons, sous le nom de Marie LACOMBE, fille de Girons et de Jeanne DARRIVIÈRE. Elle est visiblement célibataire.
  • Le dernier enfant du couple est encore une fille, prénommée Marie. Elle naît maison Miquay à Saint-Vincent-de-Tyrosse. Girons LACOUME a 49 ans mais l'acte de naissance lui en donne 50. Jeanne LARRETGÈRE, dont le patronyme est, une fois n'est pas coutume, correctement orthographié, en a 40. Mais pour ce dernier enfant, la malchance est au rendez-vous : la petite Marie décède à 15 mois.

Donc, dix enfants mais seulement trois qui se marient, une dont je perds la trace et six décès, parfois précoces et parfois moins, mais en tout cas sans union. Et à priori, aucune descendance dans la génération suivante puisque le couple ne semble pas avoir eu de petits enfants malgré le mariage de trois de leurs enfants. 

Extrait du recensement de Soustons de 1819.

Source : Archives départementales du Pas-de-Calais

On peut observer une sorte de "photographie" de la famille LACOUME-LARRETGÈRE en 1819. Girons LACOUME, affublé ici du patronyme erronée de LACOMBE, a en fait 62 ans et non 60 comme l'indique le tableau du recensement. Pour Jeanne, on retrouve la variante LARRETYÈRE, assez proche du patronyme ancien de LARRETIÈRE que portait son arrière grand-père Martin. Trois enfants sont présents au domicile familial : Marthe, qui dix ans plus tard, se marie avec François CAZAUNAU ; Jeanne est la célibataire qui meurt en 1832. L'absence de Marie, née en 1793, dont je n'ai plus de traces me conforte dans l'idée qu'elle a du décéder assez jeune. Il y a bien une Marie mais c'est celle qui est née en 1804 et qui meurt six ans plus tard en 1825. Autre enfant vivant, Jeanne, née en 1786, n'est pas là. Elle n'est pas encore mariée en 1819 ; domestique au moment de son mariage, elle doit loger sur son lieu de travail.

C'est en 1832 que meurt Girons LACOUME à Moliets-et-Maâ. L'acte de décès lui donne son âge réel à savoir 75 ans. Par contre, pas de précision concernant son épouse, Jeanne LARRETGÈRE. Est-il veuf ? Mystère. Que fait-il dans cette commune ? Mystère. Le plus souvent, les personnes âgées à cette époque vivent avec leurs enfants ou pas loin. Poursuivant cette piste, j'ai consulté le tableau de recensement de Moliets-et-Maâ de l'année 1836 (le recensement le plus proche de la date de décès de Girons) et j'y ai trouvé une des filles de Girons et de Jeanne LARRETGÈRE.

Source : Archives départementales des Landes.

Il est donc probable que Girons LACOUME vivait avec sa fille Jeanne et son gendre menuisier Joseph AGUILAY, dont le nom est orthographié ici AGUILÉ. Le recensement confirme également l'absence d'enfant du couple qui s'est uni déjà âgé.

Seule inconnue, la date de décès de Jeanne LARRETGÈRE que je n'ai toujours pas trouvée, sans doute dissimulée derrière une orthographe fantaisiste du patronyme. S'agit-il de Jeanne LARRIÈRE décédée en 1835 à Moliets-et-Maâ ? La date de naissance correspond à-peu-près et il y a quelques faits qui peuvent plaider en faveur de cette hypothèse : le flou sur le nom de la mère (juste son prénom "Jeanne") indique que la famille de la défunte est mal connue, ce qui serait le cas s'il s'agit de Jeanne LARRETGÈRE qui vient de Soustons. Il n'y a pas d'autres LARRIÈRE dans la commune. Pas de mention d'un mari non plus... Cependant, le prénom du père ne correspond pas (on parle d'un Pierre et non pas d'Estienne ou d'Étienne). Je n'ai pas de certitude mais c'est ma meilleure candidate.

Acte de décès possible pour Jeanne LARRETGÈRE.

Source : Archives départementales des Landes.

Actes de décès, 1835, Moliets-et-Maâ. Cote : 4 E 187-8/9.

3.1.  Une petite synthèse sous forme d'arbre généalogique (cliquez pour agrandir)

4. Les troisième et quatrième enfants d'Estienne LARRETGÈRE et de Jeanne LAMOLIATTE :              Pierre (1767-1767) et Pierre (1768-1769)

L'intitulé proposé ne laisse pas augurer un long développement pour ce paragraphe consacré au deux premiers garçons d'Estienne et de Jeanne. Tous les deux baptisés Pierre, ils ne vivent pas longtemps : 23 jours pour le premier et 3 mois pour le deuxième. À noter que si les enfants ont le même prénom, ils n'ont pas le même parrain bien que les deux s'appellent Pierre. Les deux enfants ne sont pas nés dans la même maison : maison Lafille pour le premier, maison Bathurt pour le deuxième.

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Le mot de Clio sur la mortalité infantile                                                                                               Comme le souligne l'historienne Marie-France MOREL dans son article "La mort d'un bébé au fil de l'histoire" dans la revue Spirale, vol. no 31, no. 3, 2004, pp. 15-34. :                                                                      "un nourrisson sur quatre en moyenne n’atteint pas son premier anniversaire et toutes les familles ont perdu un ou plusieurs nourrissons. Cette familiarité des populations anciennes avec la mort s’accompagne souvent d’une attitude d’apparente résignation".                                                                                                      En moyenne, 25 % des nourrissons qui décèdent meurent dans les jours qui suivent la naissance : c'est souvent une mortalité endogène, liée à des malformations, un accouchement difficile, une prématurité à une époque sans couveuse... Après cette période, la mortalité est plutôt la conséquence de facteurs extérieurs (dits "exogènes") : maladies (épidémiques ou non), infections, problèmes de digestion, de diarrhées ; et enfin, les accidents domestiques, particulièrement nombreux. Les réactions face à ces morts précoces sont variables : fatalité, voire indifférence qui est cependant rarement totale. Marie-France MOREL rapporte les propos de MONTAIGNE : "J’ai perdu deux ou trois enfants en nourrice, non sans regrets, mais sans fâcherie." Mais d'autres témoignages montrent que le chagrin peut être fort, et sans doute plus particulièrement pour la mère. Je renvoie les curieux à l'article très intéressant, en particulier sur les "rituels et accompagnements du chagrin".                                                                                                              L'article complet se trouve sur le site Cairn.info. Cliquez ici pour lire l'article.

5. Le cinquième enfant d'Estienne LARRETGÈRE et de Jeanne LAMOLIATTE : Jeanne (1770-1837)

Jeanne naît le 3 août 1770 et elle est baptisée le même jour. 

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Le mot de Clio sur la précocité des baptêmes                                                                                              Si la mortalité du nourrisson est une fatalité que toutes les familles connaissent, nous venons d'en parler, et finalement acceptent, il est essentiel que le bébé soit baptisé. Reprenons ici le propos de Marie-France MOREL dans l'article déjà mentionné plus haut :                                                                                   "Sans baptême, les petits morts qui n’ont pas reçu de nom, ni de parents spirituels, ne sont intégrés ni à la communauté des morts ni à celle des vivants. Leur corps ne peut être enterré dans le cimetière paroissial en terre consacrée ; ils sont inhumés n’importe où, comme des animaux, au pire dans un champ où leur corps servira à « engraisser les choux », au mieux dans le jardin familial ou dans un coin non consacré du cimetière. Comme celles des disparus en mer, des suicidés et des assassinés, leurs âmes, insatisfaites, ne peuvent trouver de repos : elles errent autour des vivants qu’elles reviennent sans cesse tourmenter, particulièrement dans les lieux de marge, carrefours, lisières des forêts, bords des étangs, où elles peuvent égarer les voyageurs. On les aperçoit sous forme de feux follets, ou on les entend pousser des gémissements et des cris stridents : c’est la « musique des saints innocents », comme disent certaines croyances paysannes."                                                                                                                                               D'où l'urgence des baptêmes, le jour même ou le lendemain.

Jeanne a pour parrain son oncle Jean LARRETGÈRE et comme marraine une dénommée Jeanne PEYPOUDAT, une proche de la famille à priori. On peut noter que le bébé Jeanne, son père Estienne et son oncle Jean voient leur patronyme orthographié LARREJERT.

Acte de baptême de Jeanne LARRETGÈRE.

Source : Archives départementales des Landes.

Comme à chaque fois, je n'ai guère d'information sur Jeanne avant son mariage. Elle nait dans la "paroisse" de Soustons et se marie dans la "commune" de Soustons, la Révolution française de 1789 étant passée par là. Son mariage a lieu le 8 ventôse de l'an II du calendrier républicain. En calendrier grégorien, nous sommes le 26 février 1794. Jeanne a 23 ans. Son futur en a 17 si l'on en croit l'acte mais en fait, il est légèrement plus jeune que cela : 16 ans seulement, ce qui est assez inhabituel. Il est le fils de Pierre LALLAGÜE et d'Étiennette DELÉON ; il se prénomme Étienne. Cela fait douze ans que le père de Jeanne est mort au moment de son mariage. Les époux ne signent pas l'acte de mariage "pour ne savoir" selon la formule consacrée. Notons que le patronyme du jeune époux se retrouve dans la ville de Soustons sous diverses formes : LALAGU, LALAGUË, LALAGÜE et cette variété se retrouve lors de la naissance des enfants que le couple va avoir. J'en ai identifié sept.

  • Étiennette (24 juin 1795 - 6 septembre 1863)

Premier enfant du couple, la petite fille porte le nom de sa grand-mère maternelle. Comme nous sommes dans la période républicaine, les registres paroissiaux ont été remplacés par l'état civil et nous n'avons plus le nom des parrain et marraine. Étiennette DELÉON est-elle la marraine du bébé ? On peut le supposer sans en avoir la certitude. En tout cas, elle est un des témoins de l'acte de naissance. Les parents habitent maison Péhaut ou Pehaout. Le nom de famille du père est orthographié LALAGÜE et celui de la mère LARREYÈRE. Elle meurt à l'âge de 68 ans même si l'acte de décès lui en donne 70 ; elle est déclarée célibataire et cultivatrice. Sur son acte de décès, on l'a dit également fille de Jeanne LARRICHÉRE.

  • Jeanne (3 décembre 1796 - ?)

Mise à part sa date et son lieu de naissance, je n'ai aucune information sur Jeanne LALAGÜE. Le nom de sa mère est orthographié LARRETYÈRE. Si c'est la grand-mère paternelle qui rapporte la naissance de leur première fille, Étiennette, c'est la grand-mère maternelle, Jeanne LAMOLIATTE qui vient témoigner de la naissance de la deuxième, qui partage le même prénom. Je n'ai pas trouvé d'informations sur le devenir de Jeanne.

  • Marie (15 août 1799-1847)

Troisième enfant et troisième fille, prénommée donc Marie. On peut penser que le jour de sa naissance, un 15 août, fête de l'Assomption (montée au ciel de la vierge Marie), a joué un rôle dans le choix de son prénom. Le 15 août est également un jour férié et chômé depuis 1638 par un édit de Louis XIII. Celui-ci, n'ayant pas de descendant malgré vingt-deux ans de mariage avec Anne d'Autriche, demanda a ses sujets d'organiser des processions le 15 août 1637. Et Louis-Dieudonné (futur roi sous le nom de Louis XIV) nait l'année suivante, en 1638 donc. Les mauvaises langues disent parfois que c'est peut-être moins la vierge Marie que le cardinal Mazarin qui serait à l'origine de ce miracle... Revenons à Marie LALAGÜE ; cette fois, c'est Françoise NOBLE, sa tante, veuve du frère aînée d'Estienne LARRETGÈRE, Martin, qui rapporte la naissance à l'état civil. Sur l'acte, on indique que les parents sont laboureurs. Ils habitent toujours maison Pehaut ou Pehaout.

Marie a 27 ans quand elle épouse Antoine CAUNÈGRE en 1826 et à Soustons. Il a 23 ans. Pour le patronyme, sa mère est appelée Jeanne LARRETEYRE à la naissance de Marie et LARRIÈRE au moment du mariage. Antoine CAUNÈGRE est meunier comme ses parents. Le couple a quatre enfants. Marie n'atteint pas un âge très avancé car elle meurt à 47 ans en janvier 1847 à la maison du Moulin de Perrouge. Antoine, son mari, atteint lui l'âge de 65 ans ; il meurt maison Perouge en 1868. Notons qu'Étiennette LALAGÜE, la soeur aînée de Marie, qui est morte célibataire, vivait maison Perrouye ; c'est la même maison malgré les variations orthographiques où se situe un moulin ; Antoine, meunier, devait y exercer son activité.

Maison Perouge : la cheminée du moulin.

Étymologie possible : "Selon le registre paroissial du 28 avril 1720, ‘peourouge’ est donné comme surnom d’un certain Pierre Dubos. En gascon, ‘peou’ peu = cheveux, ‘loupeou’ lopeu  = les cheveux, donc ‘peourouge’ = «rouge de chevelure», «rouquin». Rouquin se dit généralement peu-ros : "peoü-rous" est un homme qui a les cheveux roux. En 1833, on trouve la graphie ‘perouye’ et plus généralement ‘perouge’ ou ‘pérouge’. ‘Pé’ Pè est la forme la plus courante du nom de baptême Pierre et peut avoir le sens anatomique de pied ; il s’utilise au propre ou au figuré. Pérouge pourrait donc signifier soit Pierre le rouge (le rougeaud ?), soit avec le sens de pied «pied rouge» (pèroge désigne la perdrix à pattes rouges). Selon Arnaudin, c’est aussi le surnom donné aux habitants de plusieurs communes du sud de la Lande (Arjuzanx, Arengosse, Ygos, Villenave, Beylongue). Entre ces significations possibles, pierre rouge, les surnoms Rouquinou Pierre le rougeaud ou celui d’un habitant venu d’une des communes précitées qui aurait donné son nom au lieu, il est difficile de trancher".

Source de la photo et de l'étymologie : Soustons, lieux-dits et noms de lieux

Je n'ai pas trouvé de vieilles cartes postales concernant ce moulin précis ; par contre, il existe des images d'autres moulins de Soustons ; c'était tous des moulins à eau, plutôt bas. Dans ce contexte, j'avoue ne pas trop savoir à quoi peut servir la cheminée de l'image... Mais je ne connais pas grand-chose au métier de la minoterie. Certains moulins servaient également au sciage ; mais comme Antoine est meunier, ce ne doit pas être le cas chez lui. 

Eric LAFOURCADE a organisé en 2010 une exposition concernant les moulins de Soustons. Un article du journal Sud-Ouest, du 16 septembre 2010, du journaliste ou correspondant Jean-Marc FLIPO en fait état. On peu y lire ceci : "Le ruisseau de Magescq comptaient trois moulins : la Vigne, Mercade et Gnoy. Trois autres se trouvaient sur le courant du bourg : Pey, Perouge et Sempé, ce dernier appelé aussi Saint-Pée, ou encore, du bourg. Le courant d’Hardy en recensait deux : Hardy et Neuf. Et sur le courant de Mautré, fonctionnaient Bibi et Mautré. Les statuts du Vicomte de Maremne, en date du 15 juin 1300, font état de l’existence de quatre moulins à eau sur la commune. Ils ont tous disparu. Aucune attestation n’indique la date précise de ces édifices en torchis et bois. Eric LAFOURCADE a trouvé trace de ces moulins dans des baux à ferme ou vente entre propriétaires.

Ces moulins avaient souvent deux activités : l’une meunière et l’autre de sciage. La première nécessitait une roue horizontale tandis que la seconde était verticale.

Toutes les céréales provenaient de 200 foyers soustonnais : surtout du seigle, mais aussi maïs, millet, orge, sarrasin, froment et panis. Outre la confection du pain, les céréales servaient aussi à nourrir volailles et cochons que chaque ouvrier possédait. Le meunier allait en bros chercher la matière première et la livrait 15 jours plus tard. Il en coûtait moitié moins cher sans la livraison".

Source : Jean-Marc FLIPO, Sud-Ouest, du 16 septembre 2010

 

Note : il aurait fallu écrire bròs" mot gascon pour désigner une charette.


Revenons à Marie LALAGÜE et Antoine CAUNÈGRE et aux enfants du couple. Précisons qu'ils naissent tous à Soutons.

○ Jacques (1827-1849) nait maison Bicq ; il meurt à 22 ans. On trouve son acte de décès à l'état civil à la date du 24 août 1850. Mais l'acte ne fait que rapporter un décès qui a eu lieu dix mois auparavant en Afrique, le 23 octobre 1849 à l'hôpital militaire d'Oran. Jacques CAUNÈGRE était militaire, chasseur deuxième classe. Notons qu'à cette époque, la France s'est lancée dans une longue et violente guerre de conquête de l'Algérie, pourtant alliée fidèle de la France. Cette guerre, qui débute en 1827, année de naissance de Jacques, ne s'achève qu'en 1871 (voire plus tard). Un chasseur pouvait être un fantassin mais également un cavalier. N'ayant pas d'information précise, je m'arrête là pour l'instant. J'ai juste lu que les épidémies de choléra étaient importantes à cette période et une, très virulente, se déclenche à partir d'octobre 1849 dans l'Oranais ; quatre jours d'incubation et la mort intervient en 48h. 882 militaires et 2472 civils meurent en un mois, entre le 4 octobre, qui marque le début de l'épidémie et le 4 novembre où une pluie importante permet l'évacuation des eaux usées stagnantes et met fin au choléra. Il n'est pas interdit de penser que mon lointain cousin est mort au cours de cette épidémie.

 

○ Étienne (1830-1891) nait maison La Forgue. À noter que le père, Antoine CAUNÈGRE, est désigné comme exerçant la profession de pasteur et non plus de meunier comme au moment de son mariage et de la naissance de son premier enfant. Quand Étienne se marie à 22 ans, il est meunier, comme son père (pas comme son père à sa naissance mais comme son père au moment de son propre mariage). Nous sommes en 1852 et Marie LALAGÜE, la mère d'Étienne est déjà décédée depuis 5 ans. La jeune épouse, Marguerite dite "Elizabeth" ou "Isabée" ou "Jeanne" St-Geours a 20 ans et comme son mari, elle est de Soustons où se déroule le mariage. Ses parents sont cultivateurs. Aucun des deux époux ne sait signer. Cinq enfants portent le nom de CAUNÈGRE l'année suivante, mais un seul est issu du couple ; c'est une petite fille qui naît maison Moulin de Perrouye. Les jeunes mariés vivent donc avec Antoine, père d'Étienne. D'autres enfants suivent.

1. Élizabeth (27 juillet 1853) ; elle meurt à 3 ans sous le prénom de Jeanne.
2. Jean (20 mars 1855) ne suit pas la tradition familiale dans la minoterie ; il est employé au chemin de fer. Il a d'ailleurs quitté les Landes et habite Portets, en Gironde. Il épouse une domestique de la commune de Rivière, Catherine LAMY. Elle a 19 ans et lui 27. Ils ont au moins un fils, né en 1884 à Rivière qui fait son service militaire à Bordeaux dans un régiment d'artillerie après avoir été ajourné pour "faiblesse". Il est menuisier et, à 30 ans, en 1914, il bénéficie d'une réforme pour tuberculose pulmonaire. Il meurt le 17 janvier 1915.
3. Pierre Germain (11 juillet 1857) ; je n'ai guère d'information sur Pierre. Il est témoin au mariage de son frère Jean à l'âge de 25 ans mais c'est-à-peu près tout.
4. Jeanne (24 août 1859) ; elle épouse Jean PINSOLLE en 1887. Il est ouvrier et il a 28 ans ; elle est couturière et en a 27.
5. Marie (06 mai 1861). À 22 ans, couturière, elle épouse à Soustons un cultivateur de 24 ans, Jean LAUGA. Nous sommes en 1883.
6. Catherine (29 juin 1863). Elle est meunière de profession dans l'acte de mariage qui l'unit à Jean-Baptiste BARRÈRE, un meunier de la commune d'Herm. Elle a 25 ans et lui 26. Le mari est lui aussi fils de meunier. Elle meurt assez jeune, à 36 ans, maison du Moulin du bourg à Soustons.
7. Salvat (26 novembre 1865) est lui aussi meunier. Il meurt à 27 ans, célibataire.
8. Marie (08 novembre 1870) ; elle est meunière également en 1891 quand, à 21 ans, elle épouse, Adolphe MINJOT, 22 ans, meunier également, habitant la commune d'Herm. Le père de Marie, Étienne CAUNÈGRE est mort 4 mois auparavant. Marie décède à 43 ans, maison Bertranon à Soustons.
Étiennette (1832-1891) nait maison Lafargue (sans doute la même qu'au dessus mais avec une orthographe différente) et son père Antoine est toujours pasteur. En revanche, quand elle se marie en 1861, elle vit maison Perouge ; son père est veuf. Elle épouse un employé qui, visiblement, travaille sur place. Il est plus âgé qu'elle : Jean-Baptiste DARROUZET a 40 ans ; il est est scieur mécanicien et vit donc lui aussi à maison Perouge. Ce qui me donne à penser que, peut-être, le moulin ne servait pas qu'à la minoterie. Étiennette a 29 ans et son acte de mariage note : "sans profession". Un contrat de mariage est établit chez le notaire VERDIER de Soustons. Leur premier enfant est mort né en juillet 1862. Son sexe n'est pas identifié. Je n'ai pas trouvé d'autres naissances pour le couple. Étiennette décède en 1891 à l'âge de 59 ans à Soustons. Son époux, Jean-Baptiste DARROUZET décède l'année suivante. Tous les deux vivaient maison Lalière.
Martin (1834-1855) ; à sa naissance, son père est redevenu meunier et ses parents vivent maison Moulin de Bibic. Il meurt à 21 ans le 21 août 1855 ; il est alors fusilier au 96e régiment d'infanterie de ligne. Il est en garnison à Digne, dans les Basses Alpes (département qui porte le nom de Alpes-de-haute-Provence actuellement) et décède à la maison de l'hospice.
  • Salvat LALAGÜE (1800-1854)

C'est le quatrième enfant de Jeanne LARRETGÈRE et d'Étienne LALLAGÜE. Il a 30 ans quand il se marie pour la première fois à Soustons ; il est laboureur. Son épouse, Marguerite PRAT, a 24 ans ; elle est originaire de Magescq et y vit avec ses parents, laboureurs également. Jeanne est appelé "LARRIÈRE". Salvat et Marguerite ont trois enfants : Étienne en 1832, qui ne vit que trois jours ; Marie en 1833 ; Antoine en 1835 mais il ne vit qu'un an. De leur mariage à la naissance de Marie, le couple habite maison Vicq ou au Vicq. Pour la naissance d'Antoine et son décès, ils habitent maison Mercade. Le 18 juin 1833, Marguerite PRAT décède ; elle a 33 ans.

Salvat, veuf, se remarie quatre ans plus tard, en 1837, avec une domestique de 25 ans, Jeanne NOUGARO. Elle est originaire de Magescq comme ses parents bien qu'ils habitent Soustons. À noter que cette fois, Jeanne, la mère de Salvat est nommée LARRIVIÈRE. Avec sa seconde épouse, Salvat devient le père de cinq enfants, tous des garçons : Pierre en 1844 (qui ne vit que 5 jours) et Antoine, le frère jumeau de Pierre (qui lui vit jusqu'en 1911) ; Pierre (1845-1881) ; Jean en 1848 ; Antoine (1852).

Salvat meurt peu après la naissance de son dernier enfant, en 1854 à 53 ans. Jeanne NOUGARO, son épouse, décède à Soustons à l'âge de 60 ans, en 1871, maison Duhaa ; son acte de décès porte le nom de NOGARO.

 

Quelle descendance pour les enfants du couple ?

 

○ Marie LALAGÜE (née en 1833) épouse en 1857 un laboureur de Magescq, Jérôme LESBATS. En l'absence de ses parents, décédés, c'est son oncle Antoine CAUNÈGRE qui semble représenter la famille en étant témoin ; il est le seul de Soustons. Les trois autres témoins sont de Magescq où se déroule le mariage.

 

○ Antoine LALAGÜE est le jumeau survivant. Il est pasteur (de brebis) et se marie à Soustons, à 35 ans avec Anne COLONQUE, cultivatrice qui en a 33. Il habite maison Tucq. Nous sommes en 1879. Antoine et Anne ont au moins deux enfants, deux filles :

1. Jeanne en 1882 (elle se marie en 1904 puis meurt en 1952 à Soustons à 71 ans)

2. Marie en 1883 (elle se marie en 1907 et meurt en 1963 à 79 ans, également à Soustons). 

 

○ Pierre est cultivateur et il se marie à 27 ans, en 1873, avec une jeune fille de 19 ans Jeanne LABEYRIE. Le mariage se déroule à Herm où vit l'épouse. Jean le jeune frère de Pierre est son témoin; il est résinier alors que son frère est cultivateur. Le couple vit à Soustons maison Duhaa, maison où est morte Jeanne NOUGARO, la maman de Pierre deux ans avant le mariage. Pierre et Jeanne ont quatre enfants :

1. Marie, à la fin de l'année 1873 (les parents s'étaient mariés en janvier) qui ne vit que trois mois ;

2. Mathilde-Catherine en 1875 ;

3. Marie en 1876 qui se marie en 1898 à Saint-Paul-les-Dax avec un dénommé Pierre LAVIGNE.  

4. Jean-Baptiste, en 1877 et qui se marie avec Jeanne DUPEYRAT. Ils ont tous les deux 25 ans et lui exerce le métier de résinier dans la commune de Herm. Ils y ont une fille, Marthe, en 1904 (elle épouse Jean COSSET à Magescq et décède en 1985, toujours à Magescq). Le couple à d'autres enfants qui naissent à Gourbera : Madeleine en 1906, Léon en 1908, un garçon mort-né en 1909.

Pierre LALAGÜE meurt précocement à l'âge de 35 ans en 1881 en laissant donc trois enfants assez jeunes à la charge de sa femme.

 

○ Jean, né, je le rappelle, en 1848, se marie à deux reprises, comme son père. Une première fois en 1874 avec une jeune fille de 21 ans, Catherine BEDAT. Il a 25 ans, il est cultivateur et elle est cultivatrice. Son épouse décède en 1883 et il épouse en seconde noce, en 1885, Marie DULON, cultivatrice également. Elle a 23 ans et il en a 36. Il a une petite fille prénommée Marie en 1875 puis une autre fille, Jeanne, en 1877 (elle se marie en 1903 à Soustons avec Jean ROBIN et décède dans la même commune en 1952). Une troisième fille, prénommée Jeanne également arrive en 1878 (elle se marie en 1900 avec Jean-Baptiste LABEYRIE à Soustons où elle décède en 1961). Notons que son père Jean est devenu résinier. Jean et Catherine ont une quatrième fille, prénommée Catherine (elle se marie à Angoumé en 1908 avec Étienne LASSALLE et meurt à Hourtin en 1966). L'épouse de Jean, Catherine BEDAT décède à l'âge de 30 ans. Avec sa seconde épouse, Jean LALAGÜE a également des enfants et d'abord, encore, une fille, Marie, en 1886 (elle se marie en 1907 à Angoumé avec Henri PALIS) ; son premier garçon arrive en 1888 et il est prénommé Martin (c'est encore à Angoumé qu'il se marie à son tour avec Emma DARGELOSSE en 1914). Il a encore une fille, Catherine, en 1890 (elle se marie avec un PALIS, comme sa sœur, mais qui se prénomme AUGUSTIN). Un deuxième garçon, Jean, naît en 1892 et un troisième, Pierre, en 1895 (qui se marie à Angoumé en 1920 avec Marie LATASTE). Retour aux filles avec Marie en 1898. Jean LALAGÜE a déjà 49 ans et dix enfants. Mais sa petite dernière meurt en 1901 à l'âge de 3 ans. Pour la petite histoire, le premier fils de Jean LALAGÜE, Martin, s'est marié en 1914 et plus exactement le 2 février. Il meurt en Belgique, en août 1914 et ne connaîtra donc pas sa fille Marie, qui naît en octobre. Le deuxième, Jean, est blessée en 1914 et meurt en 1917, tué par une mitrailleuse allemande. Le troisième frère, Pierre, a plus de chance : blessé à trois reprises durant le conflit, il réussit à survivre au conflit.

Extraits de la fiche matricule de Martin LALAGÜE

Extraits de la fiche matricule de Jean LALAGÜE.

Extraits de la fiche matricule de Pierre LALAGÜE.

Source des extraits: Archives départementales des Landes.

○ Antoine LALAGÜE est le dernier enfant de Salvat LALAGÜE, fils, je le rappelle de Jeanne LARRETGÈRE et d'Étienne LALAGÜEAntoine est né en 1852 à Soustons et se marie à 28 ans. Il est pasteur à cette date en 1880, comme son frère plus âgé qui porte le même prénom. Son épouse est Marguerite DOSBA, une cultivatrice de 20 ans, qui est née et vit à Soustons avec sa mère Marguerite SAUBION. Des quatre parents, c'est la seule à être encore en vie et donc à être présente lors de la cérémonie du mariage. D'après mes recherches, ils ont leur premier enfant, une fille, à Magescq. Marguerite DOSBA est toujours cultivatrice et Antoine est toujours pasteur.

1. Marguerite LALAGUË (l'accent qu'on appelle le tréma s'est déplacé du U vers le E) est née en 1882 à Magescq, maison Jouines. Elle se marie en 1909 en présence de ses parents avec un charpentier d'Herm, François DOURTHE. Elle a 26 ans et son époux en a 27. Ils ont deux enfants, Robert qui né en 1912 et meurt 79 ans plus tard à Pessac en Gironde et Roger qui meurt à l'âge de 20 ans.

2. Marie LALAGUË arrive 7 ans (en 1889 donc) plus tard, toujours à Magescq et toujours maison Jouines. Antoine n'est plus dit pasteur mais pâtre, ce qui est la même chose. Marguerite DOSBA est toujours cultivatrice. Je n'ai pas d'autres renseignements concernant Marie, ni mariage, ni décès...

3. Omer LALAGUË est lé le samedi 9 septembre 1893 à Magescq, maison Jouines comme ses deux aînées. Et là encore, c'est mon seul renseignement.

4. Albert LALAGUË est le dernier membre de la fratrie ; il naît le 9 août 1897 à maison Jouines lui aussi. II se marie en 1921, à l'âge de 23 ans avec Jeanne BERTIN à Rivière-Saas-et-Gourby. Il meurt dans les Bouches-du-Rhône en 1961 à l'âge de 63 ans, dans la commune de Lamanon. 

Si l'on en croit sa fiche matricule, Albert LALAGUË est un petit gabarit d'1,57m. Cultivateur résinier, il est ajourné pour faiblesse en 1915 et 1916 avant d'être "bon pour le service en 1917". Avec un niveau d'instruction évalué à deux, on peut en conclure qu'il savait juste lire et écrire. Il habite Vernègues, à 30 km au Nord-Ouest d'Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône, quant il est mobilisé en novembre 1939. Il est fait prisonnier (sans doute en mai ou juin 1940) et se retrouve interné au stalag VI.D à Dortmund ; démobilisé le 10 juillet 1941, il est est rendu à la vie civile le le lendemain.

3.1.  Une petite synthèse sous forme d'arbre généalogique (cliquez pour agrandir)

6. Le sixième enfant d'Estienne LARRETGÈRE et de Jeanne LAMOLIATTE : Pierre (1772-1850)

Pierre LARRETGÈRE est mon ancêtre direct. Un article lui est donc consacré plus spécifiquement dans la page concernant les LARRETGÈRE de Saint-Geours-de-Maremne. En effet, Pierre quitte Soustons, se marie à Saint-Geours-de-Maremne (à deux reprises) et les LARRETGÈRE s'y implante durablement (jusque dans la deuxième moitié du XXe siècle). Toutes les personnes portant le patronyme de LARRETGÈRE aujourd'hui sont les descendants de Pierre.

Je vous invite à suivre le lien concernant Pierre LARRETGÈRE (1772-1850).

7. Marie LARRETGÈRE (1775-1829), septième et dernier enfant d'Estienne LARRETGÈRE et de Jeanne LAMOLIATTE

7.1. Le mariage de Marie LARRETGÈRE et du douanier MIRAMBEAU ou MIRAMBAU

Pas d'acte de baptême pour Marie LARRETGÈRE ; sur le site des Archives départementales des Landes, le registre paroissial de Soustons de l'année 1775 passe directement du mois de janvier au mois d'octobre. C'est donc avec son acte de mariage, en 1803, que j'ai eu connaissance de l'existence de Marie

Acte de mariage de Bertrand MIRAMBEAU et de Marie LARRETGÈRE du 16 Pluviôse XI (en calendrier grégorien du 5 février 1803).

Source : Archives départementales des Landes.

Cote : 4 E 310/4

Le mariage a lieu à Soustons en présence de la mère de Marie, Jeanne LAMOLIATTE, toujours vivante ; pour le marié, Bertrand MIRAMBEAU (dont le nom est souvent orthographié MIRAMBAU), c'est la mère, Marguerite MAURESMAU, qui est décédée et le père vivant (à Soustons). Le marié est laboureur. Les témoins ont entre 37 et 60 ans et exercent les professions d'officier de santé, de cabaretier, de charpentier et de négociant. Le patronyme de Marie est orthographié LAREYTÈRE. Une erreur est faite en lui donnant pour père "Jean" LARRETGÈRE et non pas Étienne. Mais grâce au nom et à la présence de sa mère, il n'y a pas d’ambiguïté possible. 

Bertrand MIRAMBEAU ne reste pas laboureur très longtemps ; il exerce bientôt le métier de douanier. Sur son acte de décès, en décembre 1858, à l'âge de 79 ans et à Moliets-et-Maa, il est dit retraité des douanes. Il est d'ailleurs rares dans les actes de l'époque de voir la mention de "retraité". Il était veuf, Marie étant décédée en 1829, à l'âge assez précoce de 53 ans. Son acte de décès n'a pas été aisé à retrouver car il est rédigé au nom de Marie MIRAMBAU ; l'âge qu'on lui attribue est erroné (49 ans) et son mari n'est pas mentionné. Comment être sûr qu'il s'agit de Marie LARRETGÈRE ? Quand on regarde les actes de la commune, il n'y a pas de MIRAMBEAU ou MIRAMBAU avant 1829 ; et après, les seuls MIRAMBEAU évoqués sont les enfants ou l'époux de Marie LARRETGÈRE, Bertrand MIRAMBEAU. Mais plus simplement, sa date et son lieu de décès sont mentionnés dans l'acte de mariage de sa fille Marthe.

Marie LARRETGÈRE et Bertrand MIRAMBEAU ont plusieurs enfants. Cependant, je ne suis pas sûr de les avoir tous identifiés ; Bertrand change souvent de lieu de travail. 

Saviez-vous qu'il existe un musée des douanes ? Il est situé à Bordeaux et, outre sa fonction de musée, il conserve également un certain nombre de registres du personnel des douanes (ou sommiers). Pour une somme modique de quelques euros, on peut avoir une copie numérique de la page concernant la personne qui vous intéresse. 

Situé Place de la Bourse à Bordeaux, le Musée national des douanes est situé dans l'Hôtel des Fermes, c'est-à-dire l'ancêtre de la Douane, achevé en 1738. Cette ancienne Place royale a été conçue par Jacques GABRIEL avec l'originalité d'être la seule place maritime de France. La statue équestre de Louis XV a été transformée en canons après 1792 et remplacée actuellement par la fontaine des Trois Grâces.

Source de la photographie : Office du tourisme de Bordeaux 

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Le mot de Clio sur la douane en France                                                                                                        Dès l'antiquité et la formation des premiers États, on constate une volonté de contrôler les frontières et donc les flux, d'hommes et de marchandises. On peut ainsi taxer les importations, contrôler les exportations. Je ne vais pas développer ici une synthèse historique qui existe déjà et qui est très bien faite sur le site du musée national des douanes. Je renvoie le curieux sur la page Histoire de la douane.      Mon lointain cousin par alliance, Bertrand MIRAMBEAU, est entrée dans la douane en 1807, c'est-à-dire après les grandes réformes de la période révolutionnaire. Auparavant, le prélèvement des taxes douanières (intérieures, car on pouvait payer des taxes en entrant dans une ville par exemple, et aux frontières extérieures) étaient en quelques sortes confiées à un prestataire de service privé, un groupe de financiers que l'on appelait la Ferme générale. La Ferme générale avançait la somme devant être générée par les taxes douanières et ce sont ses employées, agissant au nom du roi mais sans être des fonctionnaires royaux, qui avaient pour mission de percevoir les sommes dues.                                                                              Tout change avec la révolution de 1789. La régie des douanes nationales est créée. La douane est organisée comme un corps militaire avec d'un côté, les bureaux où les douaniers ont un service sédentaire et les brigades, en service actif. C'est à partir de 1800 que les douaniers portent un uniforme. Les douaniers des bureaux l'abandonnent assez rapidement ; il faut dire qu'il est à la charge du fonctionnaire (jusqu'en 1908). Pendant la période d'activité de Bertrand MIRAMBEAU, l'uniforme est "vert financier".
Préposé en petite tenue et sous-lieutenant, 1815 à 1830, Ernest FORT.                                                                                                                                                                                                                               On peut observer ici l'uniforme des douaniers durant la période 1800 à 1835. À partir de 1835, le pantalon devient bleu. L'image est d'Ernest FORT, (1868-1938) peintre de sujet militaire. Il est basque et rédige une remarquable monographie intitulé Bayonne pendant la guerre de 1914-1918, illustrée par ses photographies et dessins. Il faut attendre 2014 pour que son manuscrit soit publié en deux tomes. Les deux tomes sont disponibles sur le site de l'éditeur, les éditions Koegui.

7.2. Bertrand MIRAMBEAU, douanier

Nous n'apprenons pas grand chose avec le "signalement des préposés". Nous vérifions qu'il sait signer (mais différents actes nous avaient déjà informé de son alphabétisation) ; sa date et son lieu de naissances étaient déjà mentionnés dans son acte de naissance ainsi que son métier précédent de laboureur.

Bref, les trois seules informations originales de cette fiche apporte à notre connaissance sont sa taille, sa maîtrise du gascon, ce qui semble assez logique concernant l"époque et la diffusion discutable du français dans l'ensemble du pays et sa complexion qualifiée de bonne....

Commençons par la taille : 5 pieds, 2 pouces. Oups ! Quid du système métrique ? C'est en 1790 que TALLEYRAND propose une unification du système de mesure dans une France où les mesures sont particulièrement nombreuses. L'Académie des Sciences propose le système métrique, adopté par la loi du 1er août 1793. Cependant, il faut attendre 1840 pour que les autres systèmes disparaissent. Donc, à quoi correspondent les 5 pieds 2 pouces ? En 1812, la toise dite usuelle mesure deux mètres ; sachant qu'il y a six pieds dans une toise, le pied devait faire : 33,33 cm ; il y a 12 pouces dans un pied, le pouce doit faire 2,77 cm. Donc, Bertrand MIRAMBEAU devait mesurer presque 1,72 m, ce qui grand pour l'époque. D'après un article assez ancien de la revue Population de 1970, à la page 1298, un article consacré à la taille des hommes au début du XIXe siècle, évaluée à partir du signalement des soldats de l'Empire nous donne une taille médiane de 1,641 m pour les soldats venant d'Aquitaine (pour une médiane de 1,658m pour l'ensemble des soldats, donc pour la France). Sinon, le système de toise métrique, n'ayant jamais pris auprès de la population, est supprimée en 1837.

Dans un pays où le français n'est pas encore généralisé, il est amusant de voir que le gascon est considéré comme une langue étrangère ! Dans les années 1970, ma grand-mère et sa sœur, dans les Landes, parlaient "patois", c'est-à-dire un dérivé de gascon local (dans le Maremne) ; mon père le comprenait sans le parler réellement. 

Enfin, la notion de "complexion" désignait la "constitution physique d'une personne". 

Source : Musée national des douanes

Cote : MND_1A59_MIRAMBEAU

7.3. Les enfants de Marie LARRETGÈRE et de Bertrand MIRAMBEAU

J'ai identifié sept enfants pour le couple. Mais comme je l'ai signalé, je ne suis pas sûr de les avoir tous trouvés en raison des nombreuses affectations de Bertrand MIRAMBEAU dans différentes brigades. Entre 1807 et 1833, il est affecté à 17 reprises ; il a fait partie des brigades d'Ascain, de Bidart, de Seignosse, Vieux-Boucau, Moliet et Mimizan... Bref, jusque vers 1814, il est plutôt dans les Basse-Pyrénées et après, il reste dans les Landes. Son traitement, dans la même période, passe de 500 à 600 francs (avec une pointe à 650 en 1817 et 1818) de salaire annuel. Un ouvrier, en 1820, gagnait de 1 à 3 francs selon le lieu et l'activité (mines ou filatures) par jour. En 1814, Bertrand est sous-lieutenant puis devient lieutenant.

 

Mais je digresse. Revenons aux enfants du couple... Dans presque tous les actes, le patronyme de Marie LARRETGÈRE est orthographié LARRIÈRE

  • Jean naît en 1804 à Soustons. Il meurt en 1809 à Vieux-Boucau-les-Bains ; son nom est orthographié MIRANBAU et on lui donne l'âge de 8 ans ; or, en 1801, ses parents ne sont pas mariés. Par déduction, je pense qu'il s'agit de leur premier né et qu'il y a eu une erreur dans l'âge donné dans l'acte de décès. 
  • Jean naît en 1805 à Soustons. Il devient cultivateur dans la commune de Moliets-et-Maa où il décède à 27 ans, en 1833, sans être marié. 
  • Marthe naît probablement en 1806 ; nous le savons grâce à son acte de mariage qui ne précise cependant ni la date ni le lieu de sa naissance. Elle a 24 ans quand elle se marie à Moliets-et-Maa avec Robert LÉTOILE, un maître-tailleur de 22 ans, de père inconnu, dont la mère, Marie LÉTOILE, réside à Messanges. Comme nous sommes en octobre 1830, Marie LARRETGÈRE (dont le nom est orthographié LARREYRE sur l'acte) est décédée depuis un peu plus d'un an. Les quatre témoins, tous des hommes, sont forgeron, instituteur, maître-tisserand et charron. Ils vivent tous dans la commune. Notons que Bertrand MIRAMBEAU n'est pas encore retraité. Notons également que le marié signe, mais juste son prénom. 
  • Jean naît en 1810 à Vieux-Boucau-les-Bains. Il décède à l'âge de 47 ans, célibataire. Il exerçait le métier de tailleur d'habits.
  • Paul naît en 1814 à Seignosse, le 22 août. Il ne vit pas longtemps ; il décède en novembre de la même année en novembre. On peut noter qu'un des témoins de naissance et de son décès est un "Paul" (Paul LECUYER, collègue douanier de son père). Sans doute est-ce son parrain...
  • Marie et Catherine. Non, ce ne sont pas des jumelles mais un petit mystère qui doit sans doute être expliqué par des retards de déclarations... Enfin, je crois. J'ai un acte de décès pour l'une (Marie) et un acte de naissance pour l'autre. Catherine décède la 4 décembre 1815 à Vieux-Boucau à l'âge de 15 jours, ce qui donne une naissance fin novembre. La naissance de Marie est déclarée le 10 décembre 1815 à Seignosse. Il est difficile de concevoir des naissances à trois semaines d'intervalle ! Le plus logique est de penser qu'il s'agit de la même enfant, dont la naissance a été peut-être déclaré après le décès, avec une confusion dans les prénoms. C'est peut-être tiré par les cheveux mais je n'ai pas d'autres solutions logiques.
  • Barthélémy naît en 1818, fin mars. Comme nombre de ses frères et sœurs, il meurt précocement, à l'âge d'un an, en avril 1819. Un des témoins, collègue de son père, portent le même prénom, Barthélémy (comme lors de la naissance de Paul).

Recensement de la commune de Seignosse (Landes) en 1819,

Source : Archives départementales des Landes

Cote : 6 M 108

Dans cet extrait de recensement, on peut constater la présence de trois enfants, deux prénommés Jean et un Barthélémi (ici en abrégé). Le Barthélémi en question n'est pas celui qui vient de naître en 1818. Il a du naître en 1809, entre Marthe et le Jean né en 1810 qui doit être celui dont l'âge est de 9 ans (et qui est vivant en 1819). Cela fait donc un huitième enfant pour le couple. Le dernier enfant présent est un Jean de 12 ans. Donc l'enfant a du naître, sans doute, en 1807 ou 1806. Avec les approximations de l'époque, ce doit être le deuxième enfant du couple, celui qui a vu le jour en 1805. Ce qui semble logique car ce Jean là atteint l'âge adulte et ne meurt qu'en 1833. Par contre, il est étrange que Marthe ne soit pas présente puisqu'elle est vivante à cette date et doit avoir une douzaine d'années... 

Donc, au final, huit enfants (à priori) pour Marie LARRETGÈRE et son époux Bertrand MIRAMBAU ou MIRAMBEAU. Et sur ces huit enfants, trois atteignent l'âge adulte. Et une seule a une descendance.

7.4.  Marthe MIRAMBEAU, son époux Robert LÉTOILE et leurs enfants

Marthe épouse Robert le 9 octobre 1830. Le nom du marié est LÉTOILE mais à sa naissance, en 1808, c'était LÉTOILLE ; ce n'est pas un patronyme mais un matronyme car il est de père inconnu. Sa mère, Marie LÉTOILLE ou LÉTOILLE, est couturière et a deux autres enfants, des garçons également de père inconnu ; cependant, Robert est le seul à atteindre l'âge adulte. Il exerce la profession de maître- tailleur. Il a 22 ans et Marthe en 24 ou 25. Marie LARRETGÈRE, sa mère, est morte l'année précédente mais Bertrand MIRAMBEAU, son père, est présent lors du mariage, comme la mère de Robert qui habite la commune de Messanges. 

Marthe et Robert habitent la commune de Moliets-et-Maâ et ils vont y rester et y avoir des enfants. Le premier arrive en 1830. N'est-ce pas un peu tôt pour un mariage célébré en octobre 1830 ? Le mariage a lieu le 9 et la naissance le 21. On peut en conclure sans trop d'erreurs (c'est ironique) que la mariée était déjà très enceinte au moment de passer à la  mairie. Particularité du marié : il signe Robert à son mariage et lors de la naissance de ses premiers enfants ; plus tard, il signe LÉTOILE. Enfin, il est désigné parfois comme Séverin LÉTOILE (dès le décès de sa fille Louise en 1834). Marthe MIRAMBEAU voit le prénom de Jeanne lui être donné.

  • Ce premier enfant s'appelle Bertrand, comme son grand-père maternel. Il devient pâtissier mais meurt assez jeune, en 1835 (le 29 décembre). Il n'est pas marié et n'a donc pas de descendance, du moins officiellement.
  •  Louise vit à peine un an : elle naît en mai 1833 et décède en juillet de l'année suivante.
  • Jeanne naît en 1835. Pour l'instant, je n'ai pas d'autres informations la concernant.